Les
Hauts Plateaux d'Abyssinie
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de Mister Longest Man en direct sur Google Earth
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De : Arnaud
DENIS <arnauddenis@hotmail.com>
Date : 1 novembre 2007
Afrikakmol
Le musher et son équipage sont prêts...nouveaux pneus,
nouvelles roues, après un rapide lifting et une legère
cure de sommeil, Scott est au taquet, prêt à en
découdre avec la piste Ethiopienne. La check liste est
validée et l'essentiel est dans les fontes: chambres à
air, rayons de rechange, patins de frein, sac de couchage,
moustiquaire, 2 T-Shirts, 1 short, 1 pantalon, 3 paires de chaussettes,
appareil photo, i-pod, infirmerie, brosse à dent, carte
geographique du pays, passeport, gourdes, 1 paire de chaussures,
casque, lunettes de soleil, quelques barres energétiques, 1
paires de gants...that's it.
Oooyeah-attitude oblige le départ c'est précipité
avec un ticket d'avion commandé seulement Lundi. Ne pas
céder à la panique....tout doux,...chui dans le gros
rouge qui tâche, les palpitations s'emballent, l'excitation
du départ, sans doute,...à moins que ce ne soit la peur
de l'inconnu...mais que me réserve encore ce
périple! Les Hauts Plateaux d'Abyssinie pour du vrai...2
semaines...pas possible...et pourtant... décollage
imminent...pour un vol Bruxelles - Addis Abeba. AFRICA,
here I come!!
De : Arnaud
DENIS <arnauddenis@hotmail.com>
Date : 2 novembre 2007 09:28:45 GMT+01:00
Objet : RE: Les Hautes Plateaux d'Abyssinie
Mister longest man -
Jeudi 1er Novembre, 2007
Voyage de nuit
jusqu'à Addis
Abbeba avec un rapide arrêt technique à
Franckfurt. Mon
intention est de rejoindre dés que possible le Nord du
pays. Je n'ai aucune réservation de vol.
Arrivée
dans l'aéroport flambant neuf d'Addis Abbeba à
6h30 du
mat'. Il faut me rendre à
l'évidence...aucun avion
pour le nord avant le lendemain. Cela me laisse un peu de
répis pour envisager plus en detail le circuit que je
m'apprète à emprunter.
Addis Abbeba est
une ville
de quelques 3.5 millions d'habitants, logée
à 2.400
m d'altitude. L'activité y foisonne et plonge le voyageur
directement dans une ambiance "Made in Africa". Rien de tel
qu'un
bon bain de foule au "mercato", l'un des plus grand d'Afrique, pour
aborder ce voyage. Terrain de prédilection des pickpockets,
je
suis prévenu, il faut rester extrèmement
vigilant.
On y vend tout: animaux, machines agricoles pré-historique,
vêtements, or, épices, circuits
intégrés,
GSM, fruits, légumes,... il y reigne une ambiance
complétement surréaliste. Excellent
entrée en
matière !! Et avec ca, déjà un nouveau
sobriquet
qui me colle à la peau "Mister longest man".
Après
le choix de l'Hôtel, j'ai rendez vous avec Abel, un guide
Ethiopien dont Harold m'a transmis les
coordonnées. Nous
validons ensemble mon choix de circuit et le tracé sur la
carte
géographique du pays.
Je partirai demain matin à
l'aube
en avion jusqu'à Mekele dans la région de Tigrai,
à l'Ouest de la dépression de Danakil, pour
tenter de
rejoindre Audigrat en passant par Wukro et ses monastères
taillés dans la roche. Ensuite j'aborderai les
pistes des
Hauts plateaux pour me rendre jusqu'à Akxum. Le
périple se poursuivra avec un arret à Debark pour
m'enfoncer quelques jours dans les Simien Mountains. Lalibela
sera l'ultime étape de mon voyage avant de rejoindre Addis
Abbeba.
Et c'est parti!!
De : Arnaud DENIS
Date : 2 novembre 2007 17:47:21 GMT+01:00
Objet : RE: Les Hautes Plateaux d'Abyssinie
Mekele - Wukro : 3 novembre 2007
Lever à 4 heures du matin pour prendre mon vol pour Mekele. Je
constate que je ne suis pas le seul à m'imposer ce régime
matinal, les Gaibresselasie et autres Bekele en herbe sont
déjà de sortie. Je croise une poignée de coureurs
de fonds à l'entraînement, leur foulée est
impressionnante. Après la moisson éthiopienne de
médailles d’or au championnat du monde tant chez les
hommes que chez les femmes, c’est tout un peuple qui jubile
à l’approche des Jeux de Pékin. La photo des
héros d’Osaka est partout.
Une fois mon sac récupéré à Mekele, je
prends le temps de remonter Scott. Je reçois l'aide de
Moïse, l'un des gardes de l'aéroport. Il est bientôt
rejoint par 4 de ses collègues. La conversation est assez
limitée compte tenu de mes connaissances nulles en Amharigna. L’anglais ne semble pas être leur fort non plus.
La carte routière indique une première étape
asphaltée jusqu’à Wukro. La traversée est
gentiment vallonnée et me permet de m’aclimater à
l'altitude qui oscille entre 1.900 et 2.200 m. La région est
essentiellement agraire, en cette période de récolte,
elle donne lieu à une certaine animation dans les champs. Tous
mettent la main à la pâte: hommes, femmes, enfants,
vieillards,... ça bosse dure... en chantant. A cette
époque, la saison des pluies est terminée, les
journées sont chaudes et les nuits plutôt fraîches.
J’ai la surprise de tomber au détour d'un tournant, nez
à museaux avec un troupeau de dromadaires qui ère dans
les collines, en broutant au bord de la route.
60 km, cela me convient pour un début. Avant le coucher de
soleil, j’ai encore l'occasion de visiter l'église
Chrétienne Orthodoxe de Wukro Chirkos
perchée dans les montagnes à une encablure du village.
Construit dans un unique bloc de roche, l édifice date du 6ieme
siècle! Je suis accueilli en italien par un prêtre
éthiopien centenaire. C’ est déjà un
émerveillement total, alors que Lalibella est encore
loin,...ça promet pour la suite.
Wukro Chirkos
De : Arnaud
DENIS <arnauddenis@hotmail.com>
Date : 7 novembre 2007 15:55 GMT+01:00
Wukro - Sinkata: Samedi 3 Novembre
Bardaf c'est l'embardée
Courte nuit passée dans un guest house sommaire sans eau, ni
lit, ni électricité. Au tarif de 1 euro la nuit, je ne
devais pas non plus espérer le room service et le mini
bar. Rien de tel pour se plonger dans l'ambiance "Made in Africa"
que je suis venu expérimenter. Mon programme de la
matinée sera culturel. A quelques 25km de Wukro, le
village de Dugem accueil son marché
hebdomadaire. C'est "the place to be" dans le coin, naturellement je
n'ai aucun mal à trouver un véhicule pour m'y rendre. Je
suis le 12ème passager à opter pour un 4X4 Isuzu pourrave
à la carrosserie rouillée jusqu'au chassis et au moteur
17ième génération. Il est 6h30 du mat' quand
j'arrive à Dugem. Le village est encore
désert.
Accompagné par un villageois qui s'improvise guide, j'en profite
pour me rendre à une heure de marche aux églises d'Abruna Abraham et de Debre Tsion
chacune logée au sommet des collines avoisinante. Le
prêtre faisant office, sorte d'ermitte qui vit dans les
montagnes, est heureusement là pour me faire rentrer dans ces
églises construites à même la roche dans un cadre
spectaculaire autant que vertigineux. J'ai du mal à suivre ce
vieux bonhomme enturbanné jusqu'à l'accès aux
églises. Il pête la forme et se marre en me voyant
reprendre mon souffle.
De retour à Dugem, c'est l'effervescence complète dans un
joyeux foutoire où tout le monde y va de sa
récolte. Je suis le seul blanc dans les parrages ce qui
suscite un peu de méfiance. L'Isuzu "vintage" me
ramènera peu après 14h00 à Wukro afin d'entamer
mon étape vers Sinkata à 60km de Wukro.
L'itinéraire alterne une route bitumée façon
billard à la piste rocquailleuse facon tôle
ondulée. Les nouvelles routes sont l'oeuvre des chinois,
principaux responsables du nouveau réseau autoroutier du
pays. Les contingents de cantoniers eparpillés dans la
région sont systématiquement accompagnés
d'ingénieurs chinois aux commandes de ce gigantesque
chantier. La distance parcourue pour cette deuxième
journée reste modeste mais constitue un excellent
échauffement.
J'arrive à la tombée de la nuit non sans me causer une
grosse frayeur. en pleine descente, ma roue avant butte sur un
rocher...bardaf c'est l'embardée et rouli bouli au-dessus du
guidon devant le regard medusé de bergers couchés le long
de la route. Je me réceptionne sur le flanc, l'épaule et
le genou encaissent, mes lunettes sont explosées mais plus de
peur que de mal. Le port du casque que je m'impose en descente ne fut
pas de trop. Le vélo n'a pas trinqué pour cette fois.
Après ces émotions j'ai bien droit à un upgrade de
chambre. Je passerai la nuit dans un lit, mais toujours pas
d'électricité, ni d'eau courante...
Dugem
Abruna Abraham - Debre Tsion
Vue Dugem
De : Arnaud
DENIS <arnauddenis@hotmail.com>
Date : 7 novembre 2007 16:42 GMT+01:00
Wukro - Adigrat - Vallée d'Adwa: Dimanche 4 Novembre, 2007.
Intifada-Bicycle
Lever à 5hoo du mat' au chant du coq. Personne ne m'avait
prévenu que je partagerai ma chambre avec ce gallinacé
matinal. Qu'à cela ne tienne, partir à la
fraîche me convient afin d'éviter les grosses chaleurs qui
cognent à partir de 10h00. Mes premiers km se font à une
moyenne respectable encouragé par une brise dans le dos et en
dénivelé favorable. Le décor est plutôt
rocailleux et parsemé de cultures.
Je rejoins Adigrat dans la matinée après une brève
visite du monastère et suis brièvement rejoins par un
peloton de cyclistes du dimanche venu se dégourdir les jambes
sur le tout nouveau revêtement bitume. Ils m'abandonneront
à Adigrat où la route redevient piste.
J'entame les premiers contre-forts des hauts plateaux pour rejoindre la
vallée d'Adwa qui borde la frontière avec
l'Erythrée visible à une trentaine de km au Nord. Cette
première véritable ascension m'amène à une
altitude respectable de 3.000 m. Le souffle est court et le
rythme lent, ponctué par les encouragements des quelques
camionneurs qui me dépassent. Témoignages d'affrontements
passés avec leurs voisins, des carcasses de chars jonchent le
bord de la route. C'est cette région du nord qui avait
également suscité l'émoi international lors des
famines observées dans le milieu des années 80. Les
villages parsemés sur la route sont d'une extrême
pauvreté.
En m'éloignant d'Adigrat je dois pour la première fois
faire face à un curieux phénomène
particulièrement exaspérant et désagréable
que j'appelle: l'intifada-bicycle. A l'approche de certains villages je
suis régulièrement la cible d'une pluie de pierres de la
part d'enfants. Les coupables de ce désagrément ne
dépassent pas les 12 ans. A force d'esquisser les
projectiles, ces véritables petits diables, me mettent à
cran. Là aussi le port du casque s'avère
salutaire. Marre de me faire caillasser!! Résumer
l'accueil des éthiopiens à cette curieuse habitude ne
serait pas représentatif de la gentillesse que j'ai
expérimenté jusqu'ici. La communication reste toutefois
limitée compte tenu de la barrière de la langue et d'une
timidité perceptible. L'écriture, sorte de pictogramme
indéchiffrable constitue une difficulté
supplémentaire. Et comble de la difficulté, le calendrier
diffère du nôtre (nous sommes aujourd'hui le 25
février 2000) et les heures de la journée se
déclinent différemment.
Me voilà donc bien seul!!
Pour cette troisième nuit en route, le traitement de faveur sera
l'électricité et une bassine d'eau froide en guise de
lave-main. Je commence à sérieusement sentir le
babouin.
Axoum - Shire: Lundi 5 novembre, 2007
Spaghetti sauce biquette
A partir de 5h30 le village s'active, difficile donc de prolonger le
sommeil. La 4ième journée débute par la
céremonie du café, un rite traditionnel auquel on
échappe pas. Le petit déjeuner se résume à
un morceau de pain et 2 oeufs. Pas de quoi se remplir un estomac,
mais pas de quoi non plus faire la fine bouche.
La luminosité en altitude est superbe et le paysage
impressionnant. La route scillonne entre de sortes de pains de sucre
géants aux allures de volcan arborés parsemés sur
mon parcours à perte de vue. L'objectif du jour est le chef lieu
de la region de Tigrai, Axoum, l'ancienne capitale d'Ethiopie.
Les villages se font plus rares. Le ravitaillement en eau doit donc
être calculé au plus juste afin d'éviter la panne
sèche. Je transporte 3 litres d'eau. La température
à la mi-journée affiche 38 degrés. Descente
progressive jusqu'à Axoum, j'avale les km sans aucun
problème. La route est poussiereuse.
Les bergers sont en habit traditionnel enrobé d'une grande
couverture blanche en coton, ils s'appuient sur une grande canne, sorte
de sceptre, qui leur confère un air très solennel.
Je remarque en passant que certains sont même armés de
Kalachnikofs afin d'être pris au sérieux par
d'éventuels voleurs de bétails. Tous n'ont pas le
même accoutrement, je croise également un homme dans le
plus simple apparat qui me sourit gentillement. Il y a le long de
la piste une activité permanente, un va et vient incessant de
villageois qui viennent d'où je ne sais pour aller Dieu sait
où. Foin, fagots de bois, chèvres, moutons, bidons
d'eau, tous transportent quelque chose.
La route jusqu'Axoum sera vite engloutie. Un spaghetti à
la sauce biquette me permettra d'envisager les 60 km
supplémentaires qui me séparent de Shire après un
parcours historique dans la ville. Je n'ai toutefois pas de temps
à perdre, il est 16h00 quand je quitte Axoum. Les trois
dernières heures se feront à l'arrachée à
la lumière frontale dans l'obscurité
complète. 130 km au compteur de cette journée
marathon, et en prime la première douche depuis mon
départ de Mekele. J'en perds mon teint argileux rendu par
quelques centaines de km de pistes.
Stèle d'Axoum
Mardi 6 novembre + Mercredi 7 novembre 2007
Duce! Forzza!
J'espère pouvoir atteindre Debark mercredi soir avec une
étape prévue à Adi Arkay. Je suis redescendu
à l'altitude de 600 m, les dromadaires sont à nouveau de
la partie. L'entame de la journée est pénible et
compte tenu de l'étape précédente je ne suis pas
au mieux de ma forme. A basse altitude la température
devient insupportable, plus de 40 degrés à midi.
J'enregistre ma première crevaison historique depuis que je
voyage à vélo. La loi des séries se
vérifie une fois de plus, cette première sera suivie de 5
crevaisons sur une distance d'à peine 20 km. A chaque fois
le même scénario. A la manière d'un amuseur
public, sorte de saltimbanque à vélo, je suis rapidement
entouré d'un public attentif et silencieux. Jusqu'à
50 spectateurs pour mon spectacle de changement de chambre à
air!! J'ai un succès fou et reçois parfois l'aide
d'un assistant bienveillant. Cela se termine toujours de la même
manière, à la fin de mon numéro je charge à
nouveau mes bagages et repars pour un nouveau spectacle à la
prochaine crevaison.
A Adi Arkay, je suis accueilli par une famille nombreuse dont le
patriarche a combattu aux cotés des italiens durant la seconde
guerre mondiale. Il me parle en italien et entonne quelques chants
guerriers, hymnes au Duce Mussolini. Bizarre autant
qu'étrange. Nuit sans confort mais réparatrice.
L'étape suivante commencera par 20 km jusqu'au pied de la falaise qui me sépare de Debark, l'entrée du Parc National des Simien Mountains.
Le drop, quasi vertical, approche 2000m. La route sillonne le
long de la falaise pour atteindre une altitude de 2.700 m. Je
suis épuisé et préfère m'epargner pour la
suite. Je profite de la proposition d'un camionneur pour charger
mon vélo dans la benne. Il n'aura certainement pas eu à
me supplier.
Après une saison des pluies bien arrosée la
végétation est luxuriante. Une colonie de babouin a
établi campement au milieu de la route. Les vues du Mont Ras Dashen, la plus haute montagne d'Ethiopie culminant a 4500 m, sont superbes.
Je passerai les trois prochains jours dans ce parc national en
espérant pouvoir y faire un bout de chemin à vélo.
Simien National Park
Jeudi 8 novembre - Samedi 10 novembre, 2007
Arbada le plagiste + Cyclo Parano
Rien n'y fera, l'accès au Parc National des Simien Mountains
m'est formellement interdit à vélo, en cause
l'accompagnement obligatoire d'un éclaireur armé. Je me
vois mal trimbaler un passager supplémentaire sur mon porte
bagage. Dommage, par contre je ne suis pas contre varier les
plaisirs par une petite marche en montagne pendant 3 jours.
Après un rapide passage au marché pour acheter les
rations de survie, je rejoins l'extrémité du parc en 4x4
et prévois un retour au point de départ en longeant les
falaises du parc. Je compte sur une bâche et un sac de couchage
pour passer les nuits en altitude et me protéger des
intempéries. Abarda, mon guide, est quant à lui
armé d'une vieille Kalachnikov pour intimider d'improbables
désagréments. Tiens , je parie qu'elle est
même pas chargée sa mitraillette. Le décor
est grandiose et longe un à pic qui inspirerait n'importe quel
base-jumper ou autres amateurs de parapente. Le parc est le
terrain privilégié de quelques espèces
endémiques qui ne tardent pas à se manifester: le gelada
baboon et le Walia ibex en particulier. Les 6-7 heures de marches
quotidiennes me permettent de bien profiter des différents
points de vue du parc. La première nuit sera quelque peu
perturbée par une averse de grêle. Il fait un froid
piquant et ma bâche de fortune a vite fait de percer aux
intempéries. Je terminerai la nuit dans une hutte dans un
village local, en compagnie d'Abarda. Ambiance feu de camp pour
se réchauffer dans une atmosphère enfumée
irrespirable. Réveil à 5:30 fumé comme un
vieux salaison dans mon sac de couchage. La marché matinal
me mènera jusqu'à une altitude de 4000 m avec en
perspective un lever de soleil sur la plaine...magique. Je
passerai la deuxième nuit dans un abris spartiate. Pas beaucoup
de conversation avec mon guide en raison de la barrière de la
langue mais une bonne entente et quelques franches rigolades. Il
m'appelle spontanément Mister Longest Man...décidemment
me voilà baptisé. Equipé de chaussure en
plastic de plagiste il menace de chavirer dans le ravin à chaque
passage de rocher. Mais comment fait-il pour tenir le coup par ce
froid de canard. La dernière journée se fera au pas
de course afin de respecter mon timing serré.
De retour à Debark, je prévois de boucler sur la
même journée les 100 km qui me séparent de
Gondar. Dés mon retour à Debark, je me
démène pour reprendre la route au plus vite. Double
ration de bouillie, le plein d'eau et c'est partit. Avec un
départ à 14:00 le dénivelé m'autorise
à anticiper une arrivée avant 20:00. Des ennuis
technique de porte bagage me retardent quelque peu en route et me
permettent de tester l'ingéniosité des
éthiopiens. Je fais appel au soudeur de Debark,
recommandé par Abarda. Gaibreilassie, avec un nom pareil,
il ne peut-être que le roi de la soudure. En un tour de
poste à souder, ce sera mission accomplie. Air Force Scott
est prêt au décollage.
Roue libre pendant 40km, mais les difficultés reprennent de plus
belle avec deux court, mais néanmoins raide, passage de cols en
guise de piqûre de rappel. L'impression d'une meilleure
hospitalité aux abords des villages, n'est que de courte
durée. L'intifada bicycle redouble
d'intensité. Et toujours ces mêmes petits diables
qui me prennent pour cible. En plus d'un fatigue perceptible,
d'un parcours rigoureux et d'une chaleur accablante, le soutien moral
me fait cruellement défaut. Mais qu'ont-ils donc à
l'esprit. Impossible d'anticiper quoique ce soit. Il
m'arrive de croiser des enfants qui d'une main me salue et de l'autre
me caillasse une fois dépassé. Le maniement du
lance pierre ne leur est pas non plus inconnu. Me voilà
désormais emprunt d'une certaine paranoïa que je n'avais
encore jamais éprouvée lors de mes périples
itinerants. Les premiers a se confondre en excuses, sont les
adultes a qui je fais part de mes mésaventures. Ils
enragent et parlent d'actes irresponsables de la part des enfants des
campagnes. Le gros problème, c'est que je traverse
essentiellement les campagnes et que des enfants, il y en a
partout! Je reste toutefois subjugué par la beauté
des paysages qui se déploient sur mon parcours et reste
persuadé que le vélo est la meilleure manière
qu'il soit de prendre le temps de contempler ce décor.
Semé d'embûches, le voyage n'en reste pas moins
hypnotisant...et puis rien de tel qu'un peu d'animation sur la route
pour mettre à l'épreuve mon explosivité au
démarrage, façon Tom Boonen.... :-)
Je suis fourbu après une longue journée partagée
entre la marche et le vélo. Il est 20:30 quand j'arrive
à Gondar au Fancy Hotel Paradise. Ni eau, ni mini-bar, par
contre un burger biquette qui s'ingurgite avec délectation en
une bouchée.
Dimanche 11 Novembre, 2007 - Mercredi 14 novembre 2007
Mystic Road
Gonder est une ville de quelques
15.000 habitants. Il est grand temps d'organiser la fin de mon
voyage et mon transfert jusqu'à Lalibela. Le vélo
n'est pas une option pour cet imanquable passage obligé...Reste
à booker les vols et espérer pour une bonne connections
finale jusqu'à Addis Abeba. Faute de temps, cette
journée sera ma dernière au guidon de Scott.
Considéré comme l'une de plus belles églises
d'Ethiopie, la visite de Debre Birhhan Selassie
s'impose avant de reprendre la route. 180 km d'une route
asphaltée me sépare de Bahir Dar. Je n'imagine pas
boucler cette ultime étape en une journée et compte
dés lors sur un lift improvisé pour les 60 derniers
km. Je profite de cette journée pour m'empreigner une
dernière fois de l'atmosphère si particulière qui
règne sur cette piste Ethiopienne. La traversée de vastes
pleines est quasi mystique. Une brise fraîche me pousse
dans le dos comme pour effacer la fatigue d'un voyage
éprouvant. 700 km sur ces hauts plateaux d'Abyssinie,
ça marque son cycliste,...mais quelle euphorie!
Je n'aurais pas le temps de visiter
Bahir Dar et les abords du Lac Tana, lieu où le Nil prend sa
source. Point culminant de ce voyage, mes 2 jours de visite
à Lalibela, boucleront ce séjour en Ethiopie.
Envoûtante Lalibela
RIEN ne prépare le voyageur à la vision qu'offre les églises monolythiques du site de Lalibela,
isolé dans les montagnes de Lasta. Imaginez un
dédale de 22 églises taillées dans la masse
d'un énorme rocher. Pas de maçonnerie, ni de
rajout, tout est sculpté et extrait d'un seul roc. Hymne
à la dévotion du roi Lalibella, cet édifice aurait
été construit en seulement 23 ans par près de
40.000 fidèles. Classé au patrimoine mondial de
l'Unesco, cet édifice vie aux sons des cérémonies
et chants des fidèles. C'est un patrimoine bien vivant!!
Tous les sens sont en émois. Il dégage de cette
ambiance une énorme impression de dévotion et de
sérénité. Mon guide me mène jusqu'au
monastère de Nakuta La'ab où j'ai la chance d'observer
une célébration annuelle qui attire quelques milliers de
pélerins en dehors de la ville. Rite ancestral, immuable, la
scène semble tout droit sortir des tables de la Bible.
Emmené par la foule de fidèle je crapahute, jusqu'au
sommet d'une colline avoisinante pour observer la
bénédiction données par les prêtres du
monastère. C'est un grand jour de fête! S'en
suivront de multiples invitations à venir déguster le
repas traditionnel dans les villages avoisinants. Cet accueil
chaleureux et émouvant rangera définitivement les
malencontrueuse "initifada bicycle" au registre de l'anecdotique.
L'Ethiopie terre de nos origines,
L'Ethiopie terre de la chretienté, L'Ethiopie terre des hauts
plateaux,...nontitdju j'en ai bâver mais au bout du compte encore
un grand moment de découverte.
"Tout a une fin, sauf la banane qui en a deux." (proverbe africain)
"Le meilleur qu'on puisse ramener du voyage, c'est soi-même, sain et sauf." (proverbe persan)
Et puisque le meilleur voyage, c'est
celui qu'on a pas encore fait, je suppose que le meilleure reste encore
à venir. Oooooooooyeahhhhh!
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Lalibela
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