Les Hauts Plateaux d'Abyssinie

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De : Arnaud DENIS <arnauddenis@hotmail.com>
Date : 1 novembre 2007


Afrikakmol
 
Le musher et son équipage sont prêts...nouveaux pneus, nouvelles roues, après un rapide lifting et une legère cure de sommeil, Scott est au taquet, prêt à en découdre avec la piste Ethiopienne. La check liste est validée et l'essentiel est dans les fontes: chambres à air, rayons de rechange, patins de frein, sac de couchage, moustiquaire, 2 T-Shirts, 1 short, 1 pantalon, 3 paires de chaussettes, appareil photo, i-pod, infirmerie, brosse à dent, carte geographique du pays, passeport, gourdes, 1 paire de chaussures, casque, lunettes de soleil, quelques barres energétiques, 1 paires de gants...that's it.
 
Oooyeah-attitude oblige le départ c'est précipité avec un ticket d'avion commandé seulement Lundi. Ne pas céder à la panique....tout doux,...chui dans le gros rouge qui tâche, les palpitations s'emballent,  l'excitation du départ, sans doute,...à moins que ce ne soit la peur de l'inconnu...mais que me réserve encore ce périple!  Les Hauts Plateaux d'Abyssinie pour du vrai...2 semaines...pas possible...et pourtant... décollage imminent...pour un vol Bruxelles - Addis Abeba.   AFRICA, here I come!!



De : Arnaud DENIS <arnauddenis@hotmail.com>
Date : 2 novembre 2007 09:28:45 GMT+01:00
Objet : RE: Les Hautes Plateaux d'Abyssinie

Mister longest man - Jeudi 1er Novembre, 2007
 
Voyage de nuit jusqu'à Addis Abbeba avec un rapide arrêt technique à Franckfurt. Mon intention est de rejoindre dés que possible le Nord du pays.  Je n'ai aucune réservation de vol. Arrivée dans l'aéroport flambant neuf d'Addis Abbeba à 6h30 du mat'.  Il faut me rendre à l'évidence...aucun avion pour le nord avant le lendemain.  Cela me laisse un peu de répis pour envisager plus en detail le circuit que je m'apprète à emprunter.  

Addis Abbeba est une ville de quelques 3.5 millions d'habitants,  logée à 2.400 m d'altitude. L'activité y foisonne et plonge le voyageur directement dans une ambiance "Made in Africa".  Rien de tel qu'un bon bain de foule au "mercato", l'un des plus grand d'Afrique, pour aborder ce voyage. Terrain de prédilection des pickpockets, je suis prévenu, il faut rester extrèmement vigilant.  On y vend tout: animaux, machines agricoles pré-historique, vêtements, or, épices, circuits intégrés, GSM, fruits, légumes,... il y reigne une ambiance complétement surréaliste. Excellent entrée en matière !! Et avec ca, déjà un nouveau sobriquet qui me colle à la peau "Mister longest man".  

Après le choix de l'Hôtel, j'ai rendez vous avec Abel, un guide Ethiopien dont Harold m'a transmis les coordonnées.  Nous validons ensemble mon choix de circuit et le tracé sur la carte géographique du pays. 

Je partirai demain matin à l'aube en avion jusqu'à Mekele dans la région de Tigrai, à l'Ouest de la dépression de Danakil, pour tenter de rejoindre Audigrat en passant par Wukro et ses monastères taillés dans la roche.  Ensuite j'aborderai les pistes des Hauts plateaux pour me rendre jusqu'à Akxum.  Le périple se poursuivra avec un arret à Debark pour m'enfoncer quelques jours dans les Simien Mountains.  Lalibela sera l'ultime étape de mon voyage avant de rejoindre Addis Abbeba.  

Et c'est parti!!


De : Arnaud DENIS
Date : 2 novembre 2007 17:47:21 GMT+01:00
Objet : RE: Les Hautes Plateaux d'Abyssinie

Mekele - Wukro : 3 novembre 2007

Lever à 4 heures du matin pour prendre mon vol pour Mekele. Je constate que je ne suis pas le seul à m'imposer ce régime matinal, les Gaibresselasie et autres Bekele en herbe sont déjà de sortie. Je croise une poignée de coureurs de fonds à l'entraînement, leur foulée est impressionnante. Après la moisson éthiopienne de médailles d’or au championnat du monde tant chez les hommes que chez les femmes, c’est tout un peuple qui jubile à l’approche des Jeux de Pékin. La photo des héros d’Osaka est partout.

Une fois mon sac récupéré à Mekele, je prends le temps de remonter Scott. Je reçois l'aide de Moïse, l'un des gardes de l'aéroport. Il est bientôt rejoint par 4 de ses collègues. La conversation est assez limitée compte tenu de mes connaissances nulles en Amharigna. L’anglais ne semble pas être leur fort non plus.

La carte routière indique une première étape asphaltée jusqu’à Wukro. La traversée est gentiment vallonnée et me permet de m’aclimater à l'altitude qui oscille entre 1.900 et 2.200 m. La région est essentiellement agraire, en cette période de récolte, elle donne lieu à une certaine animation dans les champs. Tous mettent la main à la pâte: hommes, femmes, enfants, vieillards,... ça bosse dure... en chantant. A cette époque, la saison des pluies est terminée, les journées sont chaudes et les nuits plutôt fraîches. J’ai la surprise de tomber au détour d'un tournant, nez à museaux avec un troupeau de dromadaires qui ère dans les collines, en broutant au bord de la route.

60 km, cela me convient pour un début. Avant le coucher de soleil, j’ai encore l'occasion de visiter l'église Chrétienne Orthodoxe de Wukro Chirkos perchée dans les montagnes à une encablure du village. Construit dans un unique bloc de roche, l édifice date du 6ieme siècle! Je suis accueilli en italien par un prêtre éthiopien centenaire. C’ est déjà un émerveillement total, alors que Lalibella est encore loin,...ça promet pour la suite.

caravaneroadmekele
wukro
Wukro Chirkos


De : Arnaud DENIS <arnauddenis@hotmail.com>
Date : 7 novembre 2007 15:55 GMT+01:00

Wukro - Sinkata: Samedi 3 Novembre
 
Bardaf c'est l'embardée

Courte nuit passée dans un guest house sommaire sans eau, ni lit, ni électricité. Au tarif de 1 euro la nuit, je ne devais pas non plus espérer le room service et le mini bar.  Rien de tel pour se plonger dans l'ambiance "Made in Africa" que je suis venu expérimenter.  Mon programme de la matinée sera culturel.  A quelques 25km de Wukro, le village de Dugem accueil son marché hebdomadaire. C'est "the place to be" dans le coin, naturellement je n'ai aucun mal à trouver un véhicule pour m'y rendre. Je suis le 12ème passager à opter pour un 4X4 Isuzu pourrave à la carrosserie rouillée jusqu'au chassis et au moteur 17ième génération.  Il est 6h30 du mat' quand j'arrive à Dugem.  Le village est encore désert. 

Accompagné par un villageois qui s'improvise guide, j'en profite pour me rendre à une heure de marche aux églises d'Abruna Abraham et de Debre Tsion chacune logée au sommet des collines avoisinante. Le prêtre faisant office, sorte d'ermitte qui vit dans les montagnes, est heureusement là pour me faire rentrer dans ces églises construites à même la roche dans un cadre spectaculaire autant que vertigineux. J'ai du mal à suivre ce vieux bonhomme enturbanné jusqu'à l'accès aux églises.  Il pête la forme et se marre en me voyant reprendre mon souffle. 

De retour à Dugem, c'est l'effervescence complète dans un joyeux foutoire où tout le monde y va de sa récolte.  Je suis le seul blanc dans les parrages ce qui suscite un peu de méfiance.  L'Isuzu "vintage" me ramènera peu après 14h00 à Wukro afin d'entamer mon étape vers Sinkata à 60km de Wukro.

L'itinéraire alterne une route bitumée façon billard à la piste rocquailleuse facon tôle ondulée.  Les nouvelles routes sont l'oeuvre des chinois, principaux responsables du nouveau réseau autoroutier du pays.  Les contingents de cantoniers eparpillés dans la région sont systématiquement accompagnés d'ingénieurs chinois aux commandes de ce gigantesque chantier.  La distance parcourue pour cette deuxième journée reste modeste mais constitue un excellent échauffement. 

J'arrive à la tombée de la nuit non sans me causer une grosse frayeur. en pleine descente, ma roue avant butte sur un rocher...bardaf c'est l'embardée et rouli bouli au-dessus du guidon devant le regard medusé de bergers couchés le long de la route. Je me réceptionne sur le flanc, l'épaule et le genou encaissent, mes lunettes sont explosées mais plus de peur que de mal. Le port du casque que je m'impose en descente ne fut pas de trop. Le vélo n'a pas trinqué pour cette fois. Après ces émotions j'ai bien droit à un upgrade de chambre. Je passerai la nuit dans un lit, mais toujours pas d'électricité, ni d'eau courante...

dugum

Dugem

abrahamtsion

Abruna Abraham    -    Debre Tsion

vue dugum

Vue Dugem


De : Arnaud DENIS <arnauddenis@hotmail.com>
Date : 7 novembre 2007 16:42 GMT+01:00

Wukro - Adigrat - Vallée d'Adwa: Dimanche 4 Novembre, 2007.

Intifada-Bicycle

Lever à 5hoo du mat' au chant du coq. Personne ne m'avait prévenu que je partagerai ma chambre avec ce gallinacé matinal.  Qu'à cela ne tienne, partir à la fraîche me convient afin d'éviter les grosses chaleurs qui cognent à partir de 10h00. Mes premiers km se font à une moyenne respectable encouragé par une brise dans le dos et en dénivelé favorable. Le décor est plutôt rocailleux et parsemé de cultures. 

Je rejoins Adigrat dans la matinée après une brève visite du monastère et suis brièvement rejoins par un peloton de cyclistes du dimanche venu se dégourdir les jambes sur le tout nouveau revêtement bitume. Ils m'abandonneront à Adigrat où la route redevient piste.

J'entame les premiers contre-forts des hauts plateaux pour rejoindre la vallée d'Adwa qui borde la frontière avec l'Erythrée visible à une trentaine de km au Nord. Cette première véritable ascension m'amène à une altitude respectable de 3.000 m.  Le souffle est court et le rythme lent, ponctué par les encouragements des quelques camionneurs qui me dépassent. Témoignages d'affrontements passés avec leurs voisins, des carcasses de chars jonchent le bord de la route.  C'est cette région du nord qui avait également suscité l'émoi international lors des famines observées dans le milieu des années 80.  Les villages parsemés sur la route sont d'une extrême pauvreté.

En m'éloignant d'Adigrat je dois pour la première fois faire face à un curieux phénomène particulièrement exaspérant et désagréable que j'appelle: l'intifada-bicycle. A l'approche de certains villages je suis régulièrement la cible d'une pluie de pierres de la part d'enfants.  Les coupables de ce désagrément ne dépassent pas les 12 ans.  A force d'esquisser les projectiles, ces véritables petits diables, me mettent à cran.  Là aussi le port du casque s'avère salutaire.  Marre de me faire caillasser!!  Résumer l'accueil des éthiopiens à cette curieuse habitude ne serait pas représentatif de la gentillesse que j'ai expérimenté jusqu'ici. La communication reste toutefois limitée compte tenu de la barrière de la langue et d'une timidité perceptible. L'écriture, sorte de pictogramme indéchiffrable constitue une difficulté supplémentaire. Et comble de la difficulté, le calendrier diffère du nôtre (nous sommes aujourd'hui le 25 février 2000) et les heures de la journée se déclinent différemment.

Me voilà donc bien seul!! 

Pour cette troisième nuit en route, le traitement de faveur sera l'électricité et une bassine d'eau froide en guise de lave-main.  Je commence à sérieusement sentir le babouin.

Axoum - Shire: Lundi 5 novembre, 2007

Spaghetti sauce biquette   

A partir de 5h30 le village s'active, difficile donc de prolonger le sommeil. La 4ième journée débute par la céremonie du café, un rite traditionnel auquel on échappe pas. Le petit déjeuner se résume à un morceau de pain et 2 oeufs.  Pas de quoi se remplir un estomac, mais pas de quoi non plus faire la fine bouche. 

La luminosité en altitude est superbe et le paysage impressionnant. La route scillonne entre de sortes de pains de sucre géants aux allures de volcan arborés parsemés sur mon parcours à perte de vue. L'objectif du jour est le chef lieu de la region de Tigrai, Axoum, l'ancienne capitale d'Ethiopie.  Les villages se font plus rares. Le ravitaillement en eau doit donc être calculé au plus juste afin d'éviter la panne sèche. Je transporte 3 litres d'eau.  La température à la mi-journée affiche 38 degrés.  Descente progressive jusqu'à Axoum, j'avale les km sans aucun problème. La route est poussiereuse. 

Les bergers sont en habit traditionnel enrobé d'une grande couverture blanche en coton, ils s'appuient sur une grande canne, sorte de sceptre, qui leur confère un air très solennel.  Je remarque en passant que certains sont même armés de Kalachnikofs afin d'être pris au sérieux par d'éventuels voleurs de bétails.  Tous n'ont pas le même accoutrement, je croise également un homme dans le plus simple apparat qui me sourit gentillement.  Il y a le long de la piste une activité permanente, un va et vient incessant de villageois qui viennent d'où je ne sais pour aller Dieu sait où.  Foin, fagots de bois, chèvres, moutons, bidons d'eau, tous transportent quelque chose. 

La route jusqu'Axoum sera vite engloutie.  Un spaghetti à la sauce biquette me permettra d'envisager les 60 km supplémentaires qui me séparent de Shire après un parcours historique dans la ville.  Je n'ai toutefois pas de temps à perdre, il est 16h00 quand je quitte Axoum. Les trois dernières heures se feront à l'arrachée à la lumière frontale dans l'obscurité complète.  130 km au compteur de cette journée marathon, et en prime la première douche depuis mon départ de Mekele.  J'en perds mon teint argileux rendu par quelques centaines de km de pistes.

axum
Stèle d'Axoum

Mardi 6 novembre + Mercredi 7 novembre 2007

Duce! Forzza!

J'espère pouvoir atteindre Debark mercredi soir avec une étape prévue à Adi Arkay.  Je suis redescendu à l'altitude de 600 m, les dromadaires sont à nouveau de la partie.  L'entame de la journée est pénible et compte tenu de l'étape précédente je ne suis pas au mieux de ma forme.  A basse altitude la température devient insupportable, plus de 40 degrés à midi.

J'enregistre ma première crevaison historique depuis que je voyage à vélo.  La loi des séries se vérifie une fois de plus, cette première sera suivie de 5 crevaisons sur une distance d'à peine 20 km.  A chaque fois le même scénario. A la manière d'un amuseur public, sorte de saltimbanque à vélo, je suis rapidement entouré d'un public attentif et silencieux.  Jusqu'à 50 spectateurs pour mon spectacle de changement de chambre à air!!  J'ai un succès fou et reçois parfois l'aide d'un assistant bienveillant. Cela se termine toujours de la même manière, à la fin de mon numéro je charge à nouveau mes bagages et repars pour un nouveau spectacle à la prochaine crevaison. 

A Adi Arkay, je suis accueilli par une famille nombreuse dont le patriarche a combattu aux cotés des italiens durant la seconde guerre mondiale. Il me parle en italien et entonne quelques chants guerriers, hymnes au Duce Mussolini. Bizarre autant qu'étrange.  Nuit sans confort mais réparatrice.

L'étape suivante commencera par 20 km jusqu'au pied de la falaise qui me sépare de Debark, l'entrée du Parc National des Simien Mountains. Le drop, quasi vertical, approche 2000m.  La route sillonne le long de la falaise pour atteindre une altitude de 2.700 m.  Je suis épuisé et préfère m'epargner pour la suite.  Je profite de la proposition d'un camionneur pour charger mon vélo dans la benne. Il n'aura certainement pas eu à me supplier.

Après une saison des pluies bien arrosée la végétation est luxuriante.  Une colonie de babouin a établi campement au milieu de la route. Les vues du Mont Ras Dashen, la plus haute montagne d'Ethiopie culminant a 4500 m, sont superbes.

 Je passerai les trois prochains jours dans ce parc national en espérant pouvoir y faire un bout de chemin à vélo.

 
babouin
simien
Simien National Park
ras dahen

Jeudi 8 novembre - Samedi 10 novembre, 2007
 
Arbada le plagiste + Cyclo Parano
 
Rien n'y fera, l'accès au Parc National des Simien Mountains m'est formellement interdit à vélo, en cause l'accompagnement obligatoire d'un éclaireur armé. Je me vois mal trimbaler un passager supplémentaire sur mon porte bagage.  Dommage, par contre je ne suis pas contre varier les plaisirs par une petite marche en montagne pendant 3 jours. Après un rapide passage au marché pour acheter les rations de survie, je rejoins l'extrémité du parc en 4x4 et prévois un retour au point de départ en longeant les falaises du parc. Je compte sur une bâche et un sac de couchage pour passer les nuits en altitude et me protéger des intempéries. Abarda, mon guide, est quant à lui armé d'une vieille Kalachnikov pour intimider d'improbables désagréments.  Tiens , je parie qu'elle est même pas chargée sa mitraillette.  Le décor est grandiose et longe un à pic qui inspirerait n'importe quel base-jumper ou autres amateurs de parapente.  Le parc est le terrain privilégié de quelques espèces endémiques qui ne tardent pas à se manifester: le gelada baboon et le Walia ibex en particulier. Les 6-7 heures de marches quotidiennes me permettent de bien profiter des différents points de vue du parc.  La première nuit sera quelque peu perturbée par une averse de grêle.  Il fait un froid piquant et ma bâche de fortune a vite fait de percer aux intempéries.  Je terminerai la nuit dans une hutte dans un village local, en compagnie d'Abarda.  Ambiance feu de camp pour se réchauffer dans une atmosphère enfumée irrespirable.  Réveil à 5:30 fumé comme un vieux salaison dans mon sac de couchage.  La marché matinal me mènera jusqu'à une altitude de 4000 m avec en perspective un lever de soleil sur la plaine...magique.  Je passerai la deuxième nuit dans un abris spartiate. Pas beaucoup de conversation avec mon guide en raison de la barrière de la langue mais une bonne entente et quelques franches rigolades.  Il m'appelle spontanément Mister Longest Man...décidemment me voilà baptisé.  Equipé de chaussure en plastic de plagiste il menace de chavirer dans le ravin à chaque passage de rocher.  Mais comment fait-il pour tenir le coup par ce froid de canard.  La dernière journée se fera au pas de course afin de respecter mon timing serré.


De retour à Debark, je prévois de boucler sur la même journée les 100 km qui me séparent de Gondar.  Dés mon retour à Debark, je me démène pour reprendre la route au plus vite.  Double ration de bouillie, le plein d'eau et c'est partit.  Avec un départ à 14:00 le dénivelé m'autorise à anticiper une arrivée avant 20:00.  Des ennuis technique de porte bagage me retardent quelque peu en route et me permettent de tester l'ingéniosité des éthiopiens.  Je fais appel au soudeur de Debark, recommandé par Abarda.  Gaibreilassie, avec un nom pareil, il ne peut-être que le roi de la soudure.  En un tour de poste à souder, ce sera mission accomplie.  Air Force Scott est prêt au décollage.
 
Roue libre pendant 40km, mais les difficultés reprennent de plus belle avec deux court, mais néanmoins raide, passage de cols en guise de piqûre de rappel.  L'impression d'une meilleure hospitalité aux abords des villages, n'est que de courte durée.  L'intifada bicycle redouble d'intensité.  Et toujours ces mêmes petits diables qui me prennent pour cible.  En plus d'un fatigue perceptible, d'un parcours rigoureux et d'une chaleur accablante, le soutien moral me fait cruellement défaut.  Mais qu'ont-ils donc à l'esprit.  Impossible d'anticiper quoique ce soit.  Il m'arrive de croiser des enfants qui d'une main me salue et de l'autre me caillasse une fois dépassé.  Le maniement du lance pierre ne leur est pas non plus inconnu.  Me voilà désormais emprunt d'une certaine paranoïa que je n'avais encore jamais éprouvée lors de mes périples itinerants.  Les premiers a se confondre en excuses, sont les adultes a qui je fais part de mes mésaventures.  Ils enragent et parlent d'actes irresponsables de la part des enfants des campagnes. Le gros problème, c'est que je traverse essentiellement les campagnes et que des enfants, il y en a partout!  Je reste toutefois subjugué par la beauté des paysages qui se déploient sur mon parcours et reste persuadé que le vélo est la meilleure manière qu'il soit de prendre le temps de contempler ce décor. Semé d'embûches, le voyage n'en reste pas moins hypnotisant...et puis rien de tel qu'un peu d'animation sur la route pour mettre à l'épreuve mon explosivité au démarrage, façon Tom Boonen.... :-) 
 
Je suis fourbu après une longue journée partagée entre la marche et le vélo.  Il est 20:30 quand j'arrive à Gondar au Fancy Hotel Paradise. Ni eau, ni mini-bar, par contre un burger biquette qui s'ingurgite avec délectation en une bouchée.


Dimanche 11 Novembre, 2007 - Mercredi 14 novembre 2007

Mystic Road

Gonder est une ville de quelques 15.000 habitants.  Il est grand temps d'organiser la fin de mon voyage et mon transfert jusqu'à Lalibela.  Le vélo n'est pas une option pour cet imanquable passage obligé...Reste à booker les vols et espérer pour une bonne connections finale jusqu'à Addis Abeba.  Faute de temps, cette journée sera ma dernière au guidon de Scott.  Considéré comme l'une de plus belles églises d'Ethiopie, la visite de Debre Birhhan Selassie s'impose avant de reprendre la route.  180 km d'une route asphaltée me sépare de Bahir Dar. Je n'imagine pas boucler cette ultime étape en une journée et compte dés lors sur un lift improvisé pour les 60 derniers km.  Je profite de cette journée pour m'empreigner une dernière fois de l'atmosphère si particulière qui règne sur cette piste Ethiopienne. La traversée de vastes pleines est quasi mystique.  Une brise fraîche me pousse dans le dos comme pour effacer la fatigue d'un voyage éprouvant.  700 km sur ces hauts plateaux d'Abyssinie, ça marque son cycliste,...mais quelle euphorie!

Je n'aurais pas le temps de visiter Bahir Dar et les abords du Lac Tana, lieu où le Nil prend sa source.  Point culminant de ce voyage, mes 2 jours de visite à Lalibela, boucleront ce séjour en Ethiopie.


Envoûtante Lalibela

RIEN ne prépare le voyageur à la vision qu'offre les églises monolythiques du site de Lalibela, isolé dans les montagnes de Lasta.  Imaginez un dédale de 22 églises taillées dans la masse d'un  énorme rocher.  Pas de maçonnerie, ni de rajout, tout est sculpté et extrait d'un seul roc.  Hymne à la dévotion du roi Lalibella, cet édifice aurait été construit en seulement 23 ans par près de 40.000 fidèles.  Classé au patrimoine mondial de l'Unesco, cet édifice vie aux sons des cérémonies et chants des fidèles. C'est un patrimoine bien vivant!!  Tous les sens sont en émois.  Il dégage de cette ambiance une énorme impression de dévotion et de sérénité.  Mon guide me mène jusqu'au monastère de Nakuta La'ab où j'ai la chance d'observer une célébration annuelle qui attire quelques milliers de pélerins en dehors de la ville. Rite ancestral, immuable, la scène semble tout droit sortir des tables de la Bible.  Emmené par la foule de fidèle je crapahute, jusqu'au sommet d'une colline avoisinante pour observer la bénédiction données par les prêtres du monastère. C'est un grand jour de fête!  S'en suivront de multiples invitations à venir déguster le repas traditionnel dans les villages avoisinants. Cet accueil chaleureux et émouvant rangera définitivement les malencontrueuse "initifada bicycle" au registre de l'anecdotique.

L'Ethiopie terre de nos origines, L'Ethiopie terre de la chretienté, L'Ethiopie terre des hauts plateaux,...nontitdju j'en ai bâver mais au bout du compte encore un grand moment de découverte.

"Tout a une fin, sauf la banane qui en a deux." (proverbe africain)

"Le meilleur qu'on puisse ramener du voyage, c'est soi-même, sain et sauf." (proverbe persan)

Et puisque le meilleur voyage, c'est celui qu'on a pas encore fait, je suppose que le meilleure reste encore à venir.  Oooooooooyeahhhhh!


Mister Talest Man

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Debre Birhhan Selassie

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Lalibela

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